Nounours

7H30 - Paris

Je sors de notre chambre, les yeux remplis de sommeil. Je descends les escaliers et là, je te vois, de dos, mettant en route la cafetière.

Tu es beau dans ton costume trois pièces, prêt à partir au travail. Ton large dos emprisonné dans une chemise blanche amidonnée et ton pantalon de flanelle qui met bien en valeur tes cuisses en béton.

Je t'aime mon doudou d'amour, mon nounours des cavernes, mon Yéti en col blanc, aussi poilu qu'un orang-outan avec ton physique de rugbyman qui inspire crainte et respect. Je me sens tout petit du haut de mes vingt ans, avec mes boucles blondes qui me tombent sur le front et ma silhouette si mince qu'un coup de Sirocco suffirait à la faire vaciller. Lorsque je regarde le nounours que j'ai en face de moi, je ne comprends toujours pas pourquoi je suis encore dans ton lit après toutes ces années.

Une éternité de bonheur et d'amour...

J'avance prudemment. Tu ne m'as pas entendu approcher. Tu supposes que ton bébé dort à poings fermés pendant que papa ours va gagner la vie du couple. À trente-cinq ans, il est normal d'avoir de telles responsabilités. C'est la vie, tout simplement. Je suis le seul élément qui cloche dans cette maison mais tu ne m'en as jamais fait le reproche. Le seul qui glande à longueur de journée, c'est moi! Je n'ai jamais senti l'once d'un courroux dans ton regard, au contraire. Je suis là quand tu rentres tard du boulot, je suis là quand tu as envie d'un câlin après une journée harassante et je suis encore là pour te remonter le moral à cause de ce connard de patron qui te prend la tête.

Mais ce matin, avant que tu ne partes, c'est moi qui ai envie de douceur. Je me colle à toi. Tu sembles surpris mais ne te retournes pas. Tu apprécies mon corps d'écrevisse contre le tien. Mon torse famélique contre tes omoplates puissantes et mon bassin qui presse tes fesses musclées.

Je passe une main dans l'échancrure de ta chemise et entreprend de faire sauter les boutons un à un.

- Non, bébé, je vais être en retard.

Tu te se retournes et je pose un doigt sur ses lèvres. Puis, je t'embrasse langoureusement, tu réponds à mon baiser. Les pans de ta chemise sont ouverts et je peux caresser ta toison abondante. Une vraie forêt vierge.

Puis ma main se pose sur ta braguette. Tu gémis tout en continuant à m'embrasser. Ton manche prend du volume, forme un chapiteau avec le fin tissus du pantalon. Tu tiens une forme olympique, pourtant nous avons baisé comme des bêtes cette nuit. C'est ce qui me plaît en toi. Tu es increvable!

Tu me retournes et m'obliges à me pencher sur la table de la cuisine. Le café est passé depuis un moment déjà mais tu ne t'en soucies guère. Tu as d'autres idées en tête.

J'ai la poitrine sur le rebord en bois, les mains bien agrippées à la nappe. Mon souffle roque t'appelle, t'implore. Tu abaisses mon shorty d'un geste bestial puis tu sors tant bien que mal ta queue gonflée. Elle te fait mal tant le sang reflux vers le gland. Tu ne te contrôles plus et dans un élan sauvage, tu investis cette cavité que tu connais par cœur.

Le tic-tac de l'horloge murale est couvert ma mes râles lorsque je sens ta bite pousser profondément en moi. Comme par réflexe, mes fesses se cabrent pour mieux t'accueillir. Tu as saisi mes cheveux et tires ma tête vers l'arrière. Tu adores user de cette brutalité envers moi. Je suis ton joujou passif qui se soumet à tous tes caprices... Et ils sont nombreux.

Ce matin, tu veux me prendre à la hussarde. Peut-être par manque de temps ou tout simplement parce que cela fait une éternité que nous n'avons pas joué ce rôle. En tous les cas, tu y vas fort. Je me retrouve comme un pantin désarticulé sous tes coups de boutoir.

Chaque saillie pénètre profondément en moi. Je ne tarde pas à jouir face à ces attaques répétées. J'ai replié ma verge sous moi si bien que les jets inondent les couilles poilues de mon homme. À l'heure qu'il est, il n'aura pas le temps de prendre une douche, si bien qu'il devra porter mon jus toute la journée. Il ira visiter ses clients le slip gluant de mouille. Cette évocation me fait juter encore plus fort.

Ton martellement s'accélère. Tu ne contrôles plus rien. Tes grognements sonores m'indiquent que ce n'est plus très loin. Soudain, tu t'immobilises. Je te sens pousser une dernière fois avant de décharger dans mon cul en feu.

Je ne me lasserai jamais de cette sensation d'un homme qui me rempli, qui m'élève au rang d'objet sexuel. Qui marque son territoire pour l'éternité...

… Et c'est mon ours à moi qui en a le privilège exclusif.

Toujours allongé sur la table, je t'écoute te rhabiller en silence, puis deux baisers sucrés parcourent mon dos. Deux autres s'attardent dans le creux de mes reins.

Tes lèvres effleurent ma joue puis remontent jusqu'à mon oreille...

- À ce soir, bébé.

FIN