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Agriculteur | S19 Reprendre goût à la vie

6 | Ça m’arrive ! – Le récit de Julien.

En me raccompagnant à ma voiture, samedi soir, Damien a glissé dans ma main sa carte de visite. En réponse à cette marque de confiance, je lui ai renvoyé un sobre SMS : "Julien Bonnet"

Au moins saura-t-il comment me contacter, s'il le souhaite.

J'ai hésité mais je ne suis pas retourné au comice, rentrant chez moi pour sombrer aussitôt dans un sommeil réparateur.

Au réveil, je déborde d'énergie joyeuse. J'ouvre en grand volets, porte et fenêtres, secoue le tapis, change draps, torchons et serviettes, fait vrombir l'aspirateur et récure ma maison du sol au plafond.

J'entame avec appétit une nouvelle saison de ma vie, certain que l'épisode Mehdi n'a fait qu'un peu mieux m'armer pour faire front aux aléas que le sort réserve à chacun d'entre nous sur le chemin.

Je vais aux prés et rapatrie quatre jeunes chevaux que je veux remettre au travail. Pour cette première séance, je me contente de les tourner en longe aux deux mains, au pas et au trot, ensuite je procède à un pansage méticuleux puis les place chacun dans son box avec une brassée de foin.

Ensuite, je selle mon hongre. Reprendre le travail de dressage sur le plat va nous dérouiller tous les deux.

C'est en revenant de remiser son harnachement dans la sellerie que je jette un oeil à mon portable où je découvre le message "viens".

Il date d'à peine vingt minutes. Je renvoie un prudent "je descends juste de cheval" qui ouvre au temps de la réflexion mais presque aussitôt mon appareil vibre.

- " Viens comme tu es."

Un sourire soulève ma joue droite. Je fais sauter les clés de contact dans ma main en jetant un regard circulaire : ici, tout est en place. Quelques minutes plus tard, je coupe le moteur sous le petit hangar.

Damien sort de la maison et vient vers moi. En approchant, il ouvre grand les bras et nous nous donnons l'accolade, joue à joue, poitrail contre poitrail, mutuellement enveloppés dans nos bras en écharpe avec un murmure indistinct de satisfaction, celle de nous retrouver.

Comme si nous nous connaissions de longue date.

Quand nous nous écartons l'un de l'autre, nos bras nous maintiennent en contact, le sien enserrant ma taille, le mien entourant ses épaules. Chaleureusement.

- "Tu sens le canasson" dit-il dans un sourire qui fend sa barbe fournie.

A peine pour moi, le temps de regretter d'avoir cédé à la facilité en négligeant de me changer et ainsi troublé la sérénité de nos retrouvailles par un remugle nauséabond que le voilà qui reprend avec un haussement d'épaule.

- "J'ai beaucoup monté à poney quand j'étais môme ..."

Un soupir, des yeux qui s'évadent, puis reviennent dans un sourire plus large ...

- " Mais chez toi, cette trace olfactive participe de ton identité ; comme d'autres sentent le tabac, la cuisine ou les livres, toi, tu es homme de cheval."

Sa remarque qui rappelle qu'en fait nous sommes de parfaits inconnus l'un pour l'autre et que nous nous découvrons pas à pas ne trouble en rien l'assurance du sentiment spontané, qui me semble partagé, de notre familiarité, de notre naturelle proximité, comme une évidence. Elle le renforce avec nos rires.

Il a soudain grimacé et je réalise qu'il est pieds nus dans cette cour d'herbes éparses écrasées par les passages ; sans doute la tendre peau de sa plante s'est-elle posée sur l'arête de quelque caillou.

Je prends alors appui sur lui pour délivrer mes propres pieds de la contrainte de mes bottines de cavalier aux épaisses semelles striées. Il me soutient sans se dérober et, quand je me redresse, tenant les deux lourdes chaussures par leur languette, il me sourit d'un air entendu comme s'il reconnaissait et validait ainsi une règle entre nous, celle de ne pas s'embarrasser d'un excès de politesse guindée qui ferait obstacle à notre confort le plus élémentaire.

Je frétille des orteils en plissant à demi des yeux de bien-être et son sourire s'élargit. Sa main à mon flanc m'entraine vers la maison aussi vite que nous le permettent nos pieds nus.

Les deux marches de l'entrée avalées, il repousse la porte derrière nous d'une main et la seconde accroche ma nuque ; toujours très droit, il m'attire à lui, mes bras remontent dans son dos, nos souffles se croisent et nos lèvres s'effleurent comme hésitantes avant de se joindre, lentement, puis nos langues se nouent et, dans un grognement qui s'étouffe, entament un ballet, un long ballet, qui se prolonge ...

Je pense que tout le répertoire du pas de deux est passé en revue, comme pour nous persuader que cette inclination nous est bien commune.

Damien se hausse en étirant son cou, relève son menton et, paupières en partie baissées, plonge son regard depuis ce surplomb jusque dans le mien, joues pincées, la forte arête de son nez marquant soudain la distance entre nous.

- " J'aime rester maître du jeu."

La solennité même de sa phrase qui me parait préparée de longtemps force irrépressiblement mon sourire que je m'efforce d'atténuer.

- "Mais je suis ton invité obligé !"

J'ai bien compris les règles qu'il impose mais qu'attend-il? Lui n'a pas cillé mais sa joue, à droite, s'est légèrement soulevée sur sa pommette et son iris sombre d'hidalgo s'est velouté.

- "As-tu ... ?"

Comme si elle n'espérait que ce signal, ma main plonge dans ma poche et en ressort, un rectangle métallisé brandi entre l'index et le majeur, étui que la main de Damien vient chiper d'un geste vif avant qu'il n'incline la tête pour renouer le dialogue savant de nos langues.

Indéniablement, je viens de rencontrer un partenaire à ma mesure pour ce qui est un de mes jeux de prédilection ; nos corps entiers s'arquent, se pressent en tension, en se gardant de trop insister pour qu'aucun des deux ne plie, recherchant un équilibre précaire et tremblant. Ils se frottent l'un à l'autre ; nos bras enveloppent, retiennent, tordent souplement ; nos mains largement ouvertes ajustent, contiennent, rassurent ; dans l'écrin de sa barbe, nos lèvres nous soudent et, au milieu, s'épanouit la folle parade de nos langues qui, tour à tour, se déploient en voletant ou, insaisissables comme des truites de torrent, se faufilent puis filent, vives et rapides ; elles se nouent pour aussitôt s'échapper, s'immobilisent, brusquement lourdes et charnues, un filet de salive révélant le velours ondoyant que compose leur tapis de papilles ...

Nos lèvres se sont disjointes et nos yeux se sont accrochés, scintillants de promesses, joueurs espiègles, avant de se refermer pour un nouvel élan. Et encore, et encore, pour une valse étourdissante, coupée de quelques pas puis sans cesse relancée dans une succession de voltes.

Cette fois, sur un regard plus fixe, la trajectoire cesse de s'enrouler et Damien m'entraîne, sur celle, rectiligne, qui mène à la chambre. Elle parait dépouillée et exigue autour du grand lit défait.

Des deux mains, il tente de soulever sur mon ventre mon polo qui résiste. Moi, je me prête docilement. Lui, il peste, ses doigts s'emploient, la boucle métallique cliquète, la ceinture cède, le vêtement est arraché, soulevé et, dans un reniflement, sa barbe, sa bouche viennent à mon flanc puis, retroussant le tissu, remontent sur un téton, à mon aisselle, s'empare de mes lèvres le temps de me délivrer du vêtement obstacle. Dans un moulinet des bras, le sien vole le rejoindre.

Puis il cascade pour affranchir mes chevilles de ma culotte d'équitation et de mon boxer, se redresse et fond sur ma bouche. Mes deux mains encadrent son visage pour le retenir et en obtenir un vrai baiser, langoureux et gras alors qu'il se démène et s'agite pour se débarrasser de son propre pantalon qu'il foule aux pieds, rageusement.

Il se laisse alors totalement aller sur moi, m'écrase au mur, confrontant nos toisons qui s'entre mêlent en crissant. Sa langue envahit ma bouche comme un flot, une marée qui m'emporte. Sa main rabat ma queue et, ouvrant une de ses cuisses, il l'enjambe pour la faire coulisser entre elles, frottant sa propre bite suintante dans la prairie de mon ventre, ondulant lascivement du bassin en modulant un murmure de satisfaction.

Mes bras l'entourent et mes mains parcourent sa colonne glabre puis franchissent la nette lisière des poils qui, progressivement, colonisent ses fesses jusqu'à les napper, mes doigts s'ouvrent en étoile avant de se refermer en pognes qui pétrissent cette belle viande tonique.

Saisissant solidement mes bras à deux mains, il me déséquilibre soudain et me retourne dos au lit. Avec ma complicité amusée, son élan me projette à plat dos sur le matelas sur lequel il se précipite à son tour, tel un fauve en chasse qui bondit et accule sa proie, abattant ses deux mains pour encadrer mes jambes étirées, son genou relevé déjà en appui sur le lit. Il fait entendre un sourd bruit de gorge, un rugissement de bande dessinée qui, dans d'autres circonstances, aurait immanquablement prêté à rire mais qui, ici, manifeste la force irrésistible des tensions magnétiques qui nous attirent l'un vers l'autre.

Il plonge son visage entre mes cuisses, les écartant du front. Il renifle, lèche, aspirant une couille puis l'autre, ses mains fouaillent, soulevant, écartant, disposant de moi à sa guise, sa langue est dardée en exploratrice qui découvre une terre. Je me prête avec obligeance à ses manipulations brouillonnes même si la rapidité de ces ébauches de caresses me frustre, leur dispersion ne cesse de me surprendre et m'ébranle ; je suis son jouet et c'est haletant.

Voilà que, dans une volte, il m'enjambe et se retourne, à cheval sur moi, offrant ses fesses à ma vue tandis qu'il engloutit si somptueusement ma bite que, le dos soulevé par une profonde aspiration réflexe, je me vois le nez dans la broussaille de sa raie et, qu'à mon tour, j'y lance ma langue. Mes doigts en griffes viennent m'y cramponner et je déguste le trésor dissimulé dans cette jungle sombre, retrouvant dans l'exercice, le réflexe de mon savoir faire pour répondre au sien. Ma bouche est une ventouse et ma langue un serpent quand les siennes sont redoutables de travestissement, tour à tour profondes et veloutées ou voraces et conquérantes.

Le concert de grognements qui suit n'est interrompu que par de bruyantes inspirations, quand l'un de nous est pétrifié d'une suffocation. Son trou du cul souple et soyeux, enfoui dans son fouillis pileux fait mes délices et s'ouvre souplement sous l'action conjointe de ma langue et de mes doigts. Je lui rends la monnaie de sa pièce, vertige pour vertige, en veillant toutefois à ne pas pousser mon avantage.

C'est lui qui se retourne, attrape un flacon de lubrifiant qu'il me confie quand il me gratifie de quelques suçotements raffinés, me recouvrant d'une abondante salive avant de me capoter.

Puis, bravache, il revient à califourchon, place mes mains en soutien et en guide de mon propre mat, les siennes écartant ses fesses, approuvant de simples clignements de paupières mes tâtonnements précautionneux jusqu'à ce qu'il parvienne à me coiffer exactement, dans un sourire triomphant qui m'immobilise, souffle suspendu par cet instant décisif.

Fasciné, je le regarde s'empaler lentement au rythme mesuré de sa respiration autant que je me régale de sentir ma précieuse queue bandée au rouge lentement dévorée par son boyau qui m'aspire lentement, s'ajuste, la drape étroitement dans un étui velouté. Entre deux soupirs, j'épie l'instant où, à nouveau relaché, le sourire de défi revient sur ses lèvres.

D'une subite détente du rein, ouvrant largement les cuisses, je me suis redressé, presqu'assis et j'ai senti son hoquet quand, sous son propre poids, il se fiche encore plus solidement sur moi. La surprise passée, il sourit de mon audace et tangue lascivement du bassin comme pour me montrer qu'il reste aux commandes.

Et pour affronter d'aussi éblouissantes vagues, c'est bien volontiers que je lui abandonne la barre pour ne me consacrer qu'à torturer ses petits tétons. Plus je les suçote, les étire, les roule, les maltraite et plus il gémit en amplifiant le balancement de ses hanches et en s'astiquant d'une main paresseuse.

Ma main s'associe à la sienne et ajoute un peu de lubrifiant alors que nos mouvements s'accordent dans une houle ample et cadencée dont nous nous plaisons à imaginer qu'elle pourrait nous emporter au long cours, nos yeux renchérissent et nous mettent au défi.

Notre unisson est jubilatoire et confirme cette intuition de notre complicité, de notre similitude d'hommes épris de plaisirs.

A deux mains, il a rabattu mes épaules sur le matelas et, bras tendus, jouant du ressort de ses cuisses, il se lime lentement le cul sur mon étrave qui le fend en m'éblouissant ; j'en vibre et j'arque désespérément mon rein pour lui proposer toute l'envergure de ma bite. Mais il mesure, suspend, ferme les yeux en aspirant lentement l'air puis rouvre les yeux et me sourit.

Puis il reprend.

Mes deux mains à ses hanches brûlent de l'empaler et de lui infliger une rafale de coups de reins rageurs.

Mais je résiste, stoïquement -en apparence !

Puis, d'un coup, son sourire s'élargit, il secoue la tête d'un côté, l'autre, s'effondre sur moi, m'embrasse fugitivement et roule sur le flanc, il m'échappe. En appui sur une épaule, l'autre soulevée pour que son regard reste tourné vers moi, il remonte un genou puis l'autre, ouvrant les cuisses en ciseaux, se cambrant ... Irrésistible ! Je bondis.

D'une main, j'accroche sa hanche, de l'autre je guide mon dard et je l'enfile dans un ahanement libérateur. Il a grogné tout aussi fort et s'offre à mon ramonage forcené. Je le veux, putain, je veux qu'on crie, qu'on jouisse ensemble, qu'on éclate en gerbes, en grognemments d'animaux lubriques.

Ahhhhhh!

Je reviens à moi, son visage rieur est tout près du mien. Sa main poisseuse trace des arabesques dans les poils de mon ventre et je n'ai qu'une pensée :

-" Et toi ? »

Mais sa moue satisfaite me rassure.

Sa main s’égare, essore ma queue flaccide qu’il a libérée de sa pellicule de latex, puis, visqueuse, s’infiltre. Je détends légèrement mes cuisses et, ostensiblement, son doigt glisse sous mes couilles jusqu’à mon anus qu’il presse. Il m’interroge d’une apostrophe du menton. J’opine.

- « Ça m’arrive ! »

Il retombe sur le dos, parallèle à moi, bras jetés par dessus sa tête.

- « Tout comme moi. »

Il a basculé à nouveau vers moi. Hissé sur un coude replié, il me regarde en silence, une main posée à plat sur mes pectoraux. Il sourit, embrasse délicatement mes lèvres, ses prunelles sont en velours.

Puis d’un coup, il se rassemble, retrouve sa voix profonde, s’agite et se lève. Je le rejoins. Son bras m’entoure, sa main balaie mon buste.

- « Vrai, t’es plutôt beau mec. »

J’avoue que je suis surpris et aussi quelque peu flatté par le compliment qui, sur l’instant, me laisse sans voix ; alors, sur un rire, il coupe court sans attendre de retour. Il m’entraîne pour une toilette sommaire, puis retrouver nos vêtements jetés ça et là qu’il répartit. Une fois rhabillés, nous partageons un verre en échangeant courtoisement quelques banalités puis je rentre aux Chênaies.

Amical72

amical072@gmail.com

Parmi le cycle de mélodies "les soirs d'été" composées par Hector Berlioz, écoutez "l'île inconnue."

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